(This was something I wrote a few weeks ago, when I was trying to practice writing in French. My language exchange partner, Julie, who helped proofread this❤️, suggested that I upload it here, and I figured, why not? )

Il y a un peu plus d’un mois que je traduis une nouvelle chinoise en anglais, et je viens de terminer cette traduction la semaine dernière.  C’était un projet très significatif pour moi, voire une étape importante en tant que traductrice, car c’est la première œuvre que j’aie jamais traduite. J’ai déjà fait des petits projets de traduction par-ci par-là, mais c’était ma première tentative de traduction littéraire. En plus, l’auteur était quelqu’un que je connais personnellement, ce qui rendait le projet encore plus spécial pour moi.

J’ai beaucoup appris sur la traduction grâce à ce projet. Je pense que je n’ai jamais vraiment compris à quel point la traduction littéraire est difficile, malgré le fait que je suis une lectrice avide d’œuvres étrangères depuis mon enfance. Cette expérience a fait naître chez moi une toute nouvelle reconnaissance pour les traducteurs littéraires et leur travail. Pour moi, c’était un processus plein d’anxiété et de frustration. Je m’inquiétais constamment de ne pas trouver le bon mot, ou ne pas trouver les moyens de décrire des concepts et des métaphores qui n’ont pas d’équivalent en anglais.

Cela n’aide non plus que le chinois et l’anglais soient si fondamentalement différents l’un de l’autre. Il ne s’agit pas seulement d’une différence de vocabulaire, mais aussi de structure. Le chinois par nature se nourrit de l’ambiguïté – c’est encore plus vrai en littérature. En tant que traductrice, il faut que je résolve cette ambiguïté en précisant ce qui est dit sans perdre la beauté du texte original. Mais cela ne veut pas dire que je suis libre de réinterpréter à ma guise. Non, il y a une ligne qu’il ne faut pas franchir pour ne pas déformer les propos de l’auteur. Le problème, c’est que cette ligne se déplace en permanence, à chaque phrase.

Il y avait des jours où je n’arrivais à traduire que quelques phrases, même après être restée assise devant mon bureau toute la journée. Cependant, les milliers de lignes du texte me dévisageaient sans pitié, silencieuses et provocantes, comme pour dire que non, tu n’es pas digne de nous toucher.  Je cherchais en moi-même pour trouver les mots, tout en les sentant se coaguler en une masse dense comme un fœtus mort avant qu’il puisse me sortir du ventre. Ce projet m’a semblé un exploit tellement impossible que lorsque je l’ai enfin terminé, je n’ai ressenti qu’une énorme incrédulité – pas du soulagement, et dans aucune mesure de la joie.  

C’est ainsi que j’ai survécu à ma première tentative de traduction littéraire. En ce moment je suis pleine d’espoir, mais aussi de peur. À vrai dire, je ne sais pas encore si c’est le bon chemin – le bon métier – pour moi. Je n’ai ni le talent ni le courage qu’il semble demander ; je n’ai qu’un petit amour pour l’écrit. Oui, cet amour est petit, car s’il était grand, je serais devenue écrivaine. Mais c’est peut-être mieux ainsi. Au moins, on ne sait pas que j’existe, et on n’attend rien d’extraordinaire de ma part.

Sauf que parfois, je crois que j’aurais aimé être connue. Pas dans le sens de devenir célèbre, mais d’être connue par une autre personne, une personne qui lira mes mots (ou plutôt les mots de quelqu’un d’autre transposés dans les miens) et découvrira la personne que je suis à travers eux. C’est peut-être pour cela que je suis attirée par la traduction plus que l’écriture: je suis plus à l’aise dans l’ombre, dans les coulisses, que sur la scène.

Alors où vais-je aller à partir de là ? Oserai-je continuer ? Seul le temps le dira.

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